Il pleuvait depuis plusieurs jours. On aurait dit qu'il ne s'arrêterait jamais de pleuvoir. La température avait considérablement diminué et il fallait maintenant une veste pour être bien au chaud. La pluie ne me dérangeait pas. Elle me révulsait pas tout comme elle ne m'attirait pas. J'avais une opinion complètement neutre d'elle. J'étais allongé sur un banc du préau, laissant traîner une de mes jambes au sol. Une fois n'était pas coutume, je lisais au lieu de dessiner. Une main tenait le livre tandis que l'autre soutenait ma tête. Je ne voulais pas aller à la bibliothèque qui, par ce temps, était bondée de monde. Je ne voulais pas entendre les murmures incessants venant de tous les côtés malgré l'interdiction de parler. Alors je m'étais trouvé cet endroit calme où je pouvais faire mon travail pendant que je n'avais pas cours. C'était un livre que le professeur de littérature nous avait demandé d'expliquer pour le prochain cours. J'étais à peine au quart du livre alors que je l'avais commencé depuis 2 heures. C'était du naturalisme. Ce que je pouvais détester le naturalisme! Cela ne faisait que relater la vie de gens ordinaires et parfois expliquer certains traits de caractère par l'hérédité. Mais quelle importance de savoir que parce que le père est alcoolique les enfants auront plus de chance d'être alcooliques ? Cela me dépassait. Le livre que je peinais à lire actuellement racontait l'histoire d'un homme qui trouve sa vie ennuyeuse et il essaie de sortir de son ennui grâce à de multiples activités qui ne fonctionnaient pas. L'auteur n'a-t-il pas compris que l'histoire d'un homme qui s'ennuie nous ennuierait aussi profondément ? Malgré mes capacités intellectuelles, j'étais sidéré par l'inutilité de la chose. Malgré tout, je ne voulais pas abandonner. Après 20 minutes qui me parurent interminables, je détournais les yeux de ce qui pour moi ressembait à des hiéroglyphes. Après tout, j'avais 2 jours pour faire ce travail, inutile de m'y forcer maintenant. Je jettai le bouquin au dessus de ma tête en me moquant complètement de son sort. Même si ce n'était pas bien, j'espérais au fond de moi qu'il tombe dans une flaque d'eau et qu'il soit tellement mouillé qu'on ne puisse plus le lire. Ce serait une corvée en moins. Je ne voulais pas me retourner de peur d'être déçu. Que ce livre infecte reste donc où il est. Je ramenais ma jambe restée au sol contre moi, mais cette fois-ci laissant se balancer la main qui ne tenait plus le livre. Je fermais les yeux et me concentrais sur les bruits autour de moi. L'endroit était désert, on entendait que les éclaboussures multiples et rapides de la pluie sur le sol, et aussi quelques clapotis dans les flaques qui s'étaient crées. C'était un son plutôt tranquille. J'étais agréablement détendu, mais je fus tiré de ma quiétude par des bruits de pas qui remuaient l'eau. J'ouvris les yeux et vit une fille immobile sous la pluie, levant les mains et le visage vers le ciel. Elle semblait se délecter de la pluie qui ruisselait sur son corps. En me relevant jusqu'à me retrouver semi-assis, je vis que la fille en question était Miharu. Voilà encore une chose étrange chez elle. Tout le monde, ou presque, était rentré pour éviter la pluie sauf elle qui la recherchait. Je craignais tout de même qu'elle prenne froid, alors je m'approchai d'elle et déposai ma veste sur ses épaules.
-Miharu, est-ce que ça va ? Il fait frais ici, tu ne devrais pas rester là, tu vas attraper un rhume. Viens avec moi à la cafétéria, il y fait chaud et on pourra manger.
Je la pris par la main, et l'emmena jusqu'à la cafétéria. En effet, la salle était chauffée et on s'y sentait bien. Je demandais à une personne de l'entretien une serviette, puis je frottais les cheveux de Miharu avec pour la sécher. Soudain, mon regard se concentra sur une fille assise seule à une table, la tête baissée et l'air absent.
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