Je n'avais qu'un cours ce matin, et je décidai, bien sagement de ne pas le rater celui-là aussi. Car il y avait deux jours, j'avais fait le mur, préférant me balader dans Beverly Hills plutôt que de tenter de suivre des cours qui ne m'intéressaient pas en ce moment. D'habitude, j'aimais bien, mais il manquait maintenant quelque chose. 'Fin bref, c'était ennuyant. Lorsque mon cours se termina, je me levai rapidement et me dirigeai vers ma chambre, mais au dernier moment, je tournais les talons pour me diriger vers la forêt. Pourquoi? Je n'en avais aucune idée. Pour décompresser, peut-être? Je fis un sourire carnassier à une jeune demoiselle qui passait par là, ne récoltant que le départ précipité de ladite et timide demoiselle. Bon, j'avais tout de l'homme charmant, beau et gentleman ... euh non, peut-être pas gentleman, car mon passe-temps préféré était de faire suer les autres élèves. Comme quoi on ne gagnait rien en maturité au fil des ans. Déjà que j'avais deux siècles dernières mois ... Enfin, je m'en fiche.

Lentement, d'une démarche souple, je zigzaguai entre les arbres, tapotant mon rosaire en forme de bague à mon doigt. N'étant pas un vampire né ainsi, je n'aurais pas été supposé en porter un, mais j'avais accumulé tellement de connaissances, de vécu et de pouvoirs ces deux derniers siècles, que c'était devenu un tantinet dangereux de laisser mes pouvoirs et mes instincts reprendre le dessus. Mais Dieu comment j'avais envie de l'enlever, en ce moment! C'était un désir irrépressible, et pourtant tellement dangereux! La tentation de violer un interdit était plus qu'excitant, mais je me forçai à me calmer. C'était pas le temps de faire un carnage. Surtout pas ici. C'est alors que, pensant être seul, j'entendis un hurlement de rage / ou de douleur? / qui vrilla mon ouïe sensible. Bon sang, c'était quoi ça? Curieux, je me rapprochai, m'attendant à retrouver un cadavre affreusement mutilé, ou un mec agonisant, rampant, me suppliant de l'achever ... Bon, je me calme.

Quelle ne fut ma surprise de voir un adolescent, enfin, il devait avoir dans les alentours de 16-17-18 ans, donner des coups rageurs dans un arbre. Je pris appui sur un tronc, regardant le gamin se défouler. Qu'est-ce qui avait poussé celui-là à péter les plombs comme ça? Non, en fait, je m'en fichais. Je me composai un air moqueur, sourire aux lèvres, tapotant machinalement mon rosaire :

« Ah ben dis donc. Pauvre arbre qui n'a jamais fait de mal à quiconque ... »

Ah ben ... Je le faisais rire. Intérieurement, je fronçais les sourcils, légèrement contrarié, mais gardant un air complètement sous contrôle. Pas besoin de lui montrer que de rire de moi était une telle idée de génie pour me mettre sur les nerfs. J'avais ma fierté, hein! Vraiment, si les autres découvraient que c'était facile de faire péter les plombs ... Nah, pas bonne idée. Je gardai donc mon air de parfaite moquerie.

_ Non, mais tu veux rire? Comme si tu étais venu voir si j'allais! tu as plutôt l'air d'un mec qui veux surtout essayer de me mettre encore plus en colère!

Pas si bête, le gamin. En fin de compte, cela allait peut-être devenir intéressant. Enfin, pas trop tout de même. J'avais toujours trouvé que la plupart des spécimens de MA était ... décevante. Feintant un air de parfaite écoute attentive, j'attendis la suite, qui ne tardait pas à venir, me taisant pour le moment.

_ Tu me fais totalement rire! Tu parle d'un mec...

Hum, ça c'était blessant. De nature irritable, j'eus vraiment envie de lui sauter dessus pour le faire taire et le massacrer. Mais ça n'aurait pas été digne de moi, loin de là, alors je restai tranquille. Finalement, c'était beaucoup plus marrant lorsque les autres n'avaient pas autant de cervelle que ce gamin. Oh, mais c'était peut-être qu'une passe ... Oui, ça allait lui passer! Et il allait redevenir comme tous ces autres légumes de l'Academy.

_ Non honnêtement si tu serais vraiment venu voir si j'allais bien tu te serais occuper de mes jointures!

J'eus très très envie de lui répliquer que si je me serais occupé de ses jointures, il serait en ce moment mort vidé de son sang. Mais bon, je ne devais pas dire qui j'étais, c'était une de ces foutues règles à la c#n. Son air moqueur réussit à faire vaciller mon propre air fanfaron, laissant voir pendant une brève seconde une lueur de parfaite colère, une rage animale, pas humaine du tout. Mais cela ne dira qu'une seule seconde, et je revins à mon apparence plus calme, maître de moi-même.

_ Écoute je ne sais pas ce que tu veux, mais si tu tien à rester et à vouloir être gentil avec moi je n'en vois aucun problème, mais ne tente pas de me mettre en colère, car j'en ais assez de ses petits jeux.

Moi? Gentil? Mon sourire s'élargit, mais cela ne me donnant pas du tout un air plus amical, plutôt un air des plus méchants. L'envie de tout à l'heure, celle d'enlever mon rosaire et d'être enfin libre, me démangeait, mais je ne pouvais l'assouvir. Son air sérieux me revigora. Haha, il ne voulait plus jouer le gamin? Mais moi si! Alors tant pis pour lui!

« Moi? Te mettre en colère? Bah, t'étais bien parti pour te mettre en rogne tout seul, tout à l'heure, non? »

Okay, ce petit jeu avait assez duré. Ce n'était plus du tout drôle. De un, je perdais mon calme, mon sang-froid, de deux, j'avais soif. Comme quoi me mettre en colère, ça ravivait mes instincts de tueur. De vampire. Son air neutre me sortait pas les yeux, j'avais terriblement envie de lui trancher la gorge. Sans m'en rendre compte, mes yeux effleurèrent pendant une demie-seconde son cou, la jugulaire en particulier. Je serrai les dents, tout air moqueur ayant disparu.

_ Tu n'es pas le seul ici à être un monstre, à savoir te battre et pouvoir muter!

Une chance que non, je n'étais pas le seul! C'était moins drôle sinon! Moins dangereux aussi! Car on savait pas du tout sur quoi on pouvait tomber. Pendant une brève seconde, je me demandais qu'est-ce que ce gamin était. Mais moi je ne muterais pas. C'était pas très sécuritaire. Je n'avais pas envie de me faire renvoyer. Le monde des humains est banal, inintéressant. Ici, c'était mieux. Enfin, quand je ne tombais pas sur des petits monstres malins comme celui devant moi. Le reste de son discours ne me plut pas du tout.

_ Moi au moins je n'ai pas de chaîne comme toi...Non j'ai appris à me contenir! Si je garde ce collier c'est pour ne pas faire de gaffe ou qu'il arrive quelque chose.

Je remarquai que je jouais effectivement avec ma bague. Ça avait dû attirer son regard. Je la lâchai, maussade. Une chaine. Une p#tain de chaine. Sur ce point, il n'avait pas tord. Je pouvais me contrôler ... à peu près. Non, en fait non. J'avais semé la pagaille un peu partout, avant. Puis je m'étais calmé et avais mis ce rosaire. Mais ce n'était pas assez. On pouvait sentir un aura étrange autour de moi. Et si je l'enlevais ... Non mauvaise idée.

_ Mais pour toi c'est une vrai laisse n'est-ce pas? Et ce serais pas la première fois que tu l'enlève n'est-ce pas? Les instructions de l'école ne sont-elles pas claires à ce sujet? Si je sais que tu l'enlèves c'est que ton doigt a encore la marque d'où est passée la bague pour sortir.

Je serrai les poings, les bras croisés, tout le corps crispé. Ce qu'il m'énervait, là! Il était bien le premier à me tenir tête aussi longtemps! D'habitude ça finissait en bagarre. Ça ne me déplairait pas, d'ailleurs. Oui, les instructions de l'école sont claires. Je ne l'enlève pas, enfin, je crois ... Enfin, pas dans l'école! Il se peut bien que je l'ai enlevée quelques fois à Beverly, mais je ne suis pas certain. Faut dire que j'avais tendance à boire et oublier des morceaux.

_ Et si tu joue autant avec elle, c'est parce que je t'énerve, je te met en colère et que tu as vraiment le gout de l'enlever. En passant moi aussi je l'ai souvent enlevée, mais jamais pour blesser! Je ne m'abaisserais jamais à cela! C'est minable! Tout à fait minable! Tu n'apprendra donc jamais que ton petit jeu de débile ne marche pas sur tout le monde?

Oh oui j'avais envie de l'enlever! Vraiment envie! Ça me tiraillait. Je fermai les yeux quelques secondes. Calme toi Damon. Mais je ne pouvais absolument plus me calmer. Je rouvris les yeux, fixant d'un air soudainement très froid l'autre mec. Je n'avais pas du tout besoin d'enlever cette foutue bague pour lui foutre une raclée. Si je n'avais pas repris ma vraie apparence, mon air furieux cachait difficilement un visage tout autre, un visage crayeux, aux yeux rouges et aux crocs dangereux. Mais je cachai cette apparence derrière ce visage humain, ce corps humain qui même s'il est assez imposant, n'était rien à comparé de ce que j'étais en vampire.

« Je n'ai absolument pas besoin de l'enlever pour te casser la gueule. On est assez loin de l'Academy, non? Personne pour venir nous déranger alors. »

_ Non je ne sais pas ce qui se passe dans ta tête, mais tu fais l'enfant gâté seulement parce que tu es un monstre ce qui en fait te met plus haut que les humains et que tout dépendant le monstre que tu es tu peux être plus haut que certains monstre et cela tu l'utilises... C'est pitoyable, minable, enfantin et frais chier comme jeu.

Se faire dire ses quatre vérités, ça faisait mal. Je ne voulais absolument plus l'entendre, ni l'écouter. Mais je n'arrivais pas à me focaliser sur autre chose que ce minable petit gamin et ses paroles qui me faisaient enrager de plus en plus. Et sur ma faim. Je pourrais le faire taire, il y avait un moyen très simple pour ça. Je n'avais qu'à lui sauter dessus et à lui ouvrir la gorge. Il gigoterait dans tous les sens, mais ne pourrait rien faire d'autre que mourir dans d'atroces souffrances. Ouais, je me faisais des films. Ça allait finir par me faire devenir complètement taré.

_ Tu crois être une personne cruelle, mais c'est l'image que tu veux projeter. Je ne sais pas quelle est ta nature et honnêtement je m'en fous!

J'étais cruel, bon sang! J'avais dû me forcer à me calmer, il y a quelques temps, parce que j'attirais trop l'attention avec mes massacres. Puis j'étais entré à l'Academy. Pour le meilleur ou pour le pire de ses pensionnaires.

_ Tout le monde change dans la vie et il serait grand temps que tu fasses cela. Après tout maintenant que tu as trouvé quelqu'un qui te fait face tu ne te contrôles plus! Que dirons les gens de lorsqu'ils verront que te tenir tête te met en colère? Certains n'oseront pas, mais d'autre s'en réjouiront crois moi!

« Et bien qu'ils viennent! » hurlais-je, perdant mon calme. « Qu'ils viennent et je les massacrerais tous! C'est pas ça qui va me déranger! » Je gueulais les trucs qui me passaient par la tête, sans vraiment y croire. Je voulais que lui faire se la fermer. Comme quoi ça ne fonctionnait pas.

_ Tu es excessivement colérique et le fait que quelqu'un te fasse face te met excessivement hors de toi, car tu sais que tu n'as pas le dessus sur lui et que pour une fois dans ta vie le contrôle t'échappe. C'est flippant hein? Tu ne sais plus vraiment ce que tu veux en fait. Je présume que tu te demandes sérieusement ce que tu vas faire maintenant.

Oui, je me demandais effectivement ce que j'allais faire maintenant. Le tuer ou le faire souffrir? Les deux? Pourquoi pas?

_ Quoique des questions tu peux bien t'en poser par contre il serait peut-être temps que tu arrêtes de faire ton minable parce qu'un jour crois moi cela se retournera contre toi et ce jour la tu t'en voudras! Je ne me coucherais pas devant toi pour le simple fait de te faire plaisir ce n'est nullement mon genre.

Ça explosa dans ma tête. Un grondement sourd, tout sauf humain, sortit de ma gorge. J'étais à deux doigts de péter les plombs, chose que peu de gens pouvaient se vanter d'avoir pu provoquer. Mon regard fixait d'une toute autre manière l'autre monstre, c'était plus le regard d'une bête affamée. Une chance, je ne repris pas ma véritable forme. Mais le mal était fait. D'un bond, j'étais devant l'autre mec, l'empoignant par les épaules et l'envoyant balader quelques mètres vers l'arrière. C'était quoi ça? Pourquoi je ne lui ai-je pas défoncé la mâchoire? Tordu le cou? Ouvert la gorge? Alors qu'il était plus loin, étendu sur le sol mais sans grand mal, une douleur aigüe me vrilla la gorge, ma soif me faisant souffrir, et je tombai à genoux, puis je posai les paumes posées à plat sur le sol, comme si je voulais m'agripper à quelque chose. La douleur s'intensifia, cette fois c'était le rosaire qui luttait pour garder la bête à l'intérieur. Je me détournai juste à temps pour ne pas que le gamin voit deux pupilles rouge sang. Du calme, Damon, du calme!

Je haletai, fermant les yeux, tentant de reprendre le contrôle. Je n'avais pas tué l'autre élève, c'était un fait étrange venant de ma part. Lorsque ma respiration se stabilisa, la douleur s'en alla plus ou moins et mes pupilles redevinrent normales, je pus rouvrir les yeux puis me retourner vers le gamin, gardant néanmoins un léger masque de souffrance. J'avais soif, la colère l'ayant amplifiée encore plus.

Cette fois, j'en avais marre. Ce n'était pas dans ma nature d'avoir l'air d'un faible. C'était ma vie, je la vivais comme bon me semble. Peu importe ce que pensaient les autres. Je n'avais pas besoin de leur avis. Mes yeux fixaient toujours l'autre garçon, et je vis qu'il secouait la tête. * Comme lorsqu'on s'adresse à un enfant * songeais-je avec colère. Je n'avais pas besoin de sa moral. Je tuais, c'était comme ça. Je faisais ch#er les autres, c'était comme ça. J'étais un vampire, c'était comme ça.

_ Écoute bien, je ne sais pas ce que tu es, mais crois moi que tu n'es pas le seul ici à te nourrir habituellement de chair humaine ou de sang, peu importe ce que tu manges! Mais bien des gens ici ont changé leur nature et j'en suis la preuve! M'attaquer aux humains ou aux monstres ne m'a jamais intéressé, car j'ai bien vue le mal que cela occasionnait!

Et bien moi, je m'en foutais du mal que ça occasionnait. Qu'ils viennent, je leur ferais leur fête. Résolu, je commençai mentalement à réprimer sauvagement ma soif, peu importe les conséquences plus tard. Car c'était certain que si je ne me nourrissais pas, et vite, j'allais exploser. Peu importe. Qu'ils me renvoient. Je m'en fiche. Bien qu'à l'idée de retourner dans le monde des humains, je ne pouvais réprimer mon dégoût.

_ Si tu mets ça sur le compte de ta nature c'est soit que tu as peur de voir la réalité en face et changer, soit que tu ne sais pas comment et que tu as vraiment peur!

Je serrai les dents, tandis que mon air plus vulnérable s'effaçait peu à peu de mon visage. J'étais déterminé à me redresser, à reprendre mon aplomb, et à ne pas me laisser marcher sur les pieds par ce gamin. Comme quoi je faisais toujours un pas vers l'avant, et deux pas vers l'arrière. On pouvait facilement comprendre qu'au lieu d'évoluer, je régressais. Encore et encore. Je n'avais pas arrêté de faire ça pendant deux siècles.

_ Après, toi, tu perdrais toute ta belle réputation de monstre sadique, mais pourtant devant moi tu es au sol et tu souffres alors que je n'ai répliqué qu'à tes attaques pour te faire comprendre des choses et je me fous bien que tu sois prêt ou non à les entendre! Le jour où tu devais te réveiller et prendre conscience des choses est arrivé alors arrêtes de jouer la victime d'un coup monté sur ta nature et tentes un peu de voir plus loin que le bout de ton nez!

Inconsciemment, je poussai un grognement. Arrête, bon sang! La colère reprenait ses droits, et je respirai d'un coup. Voir que le bout de mon nez? Je m'en fichais! Prendre conscience et comprendre des choses? La blague! Moi je ne voulais pas, je vivais très bien en ce moment. Alors ce n'était pas lui qui allait me dire quoi faire. Son air neutre me faisait grincer des dents. Pourquoi restait-il si calme?

_ Que feras tu quand les gens de ton espèce seront tannés du saccage que tu fais? Quand toute une quantité de monstres incluant ceux de ton espèce se lieront d'amitié pour te tuer ou t'anéantir et ce dans toutes les souffrances possibles pour te faire payer tes actes!

Qu'ils viennent! Je n'avais pas peur d'eux! Et on était si peu de vampires. Ils viendront pas me causer des problèmes, tant que je ne leur cause pas de problème. Et selon moi, je ne leur cassais pas les pieds. Enfin, pas assez pour qu'ils daignent tourner leur regard vers moi.

_ Et crois moi que si ça arrive, une seconde chance te sera refusée! Ne vois tu pas qu'à force d'avoir des agissements aussi stupides, minables et enfantins que cela va se retourner contre toi et que ce jour la les gens n'auront plus de pitié pour celui qui les aura faits souffrir! Cette école a été bâtie pour qu'on puisse vivre parmi les humains sans se trahir ou faire de carnages et toi tout ce que tu trouves à faire c'est d'être égoïste et de mettre tout les monstres incluant ton espèce en danger! Tu me fais pitié, mon pauvre... Après tout pourquoi être venu ici si c'était pour continuer de nous mettre en danger? Je paris que c'était ta dernière chance de rester en vie et que toi tu fais ton innocent et que tu la gâches.

« Lâche moi les baskets, petit monstre » répliquais-je d'une voix rauque. Malgré ma soif, je comptais reprendre le contrôle. C'était plus facile à dire qu'à faire. Lentement, je me relevai, balayant la terre sur mes jeans. Bouger ravivait le feu de ma gorge, mais je m'obligeai à rester calme. Sur mes deux pieds, je repris peu à peu mon air froid, même si on pouvait voir une lueur souffreteuse ou bien colérique dans mon regard. « Maintenant, écoutes moi. Pour toi, ça semble si facile de te contrôler. Tu as pris les humains en affection? Grand bien te fasse! Moi ça fait plus de de... Ça fait longtemps, que je suis parmi eux. Il est trop tard pour que je change. Et tu sais quoi? Je ne m'en porte pas trop mal, quand y'a pas des petits emmerdeurs dans ton genre qui viennent me rabattre les oreilles avec leur morale à la con. » J'avais buté sur mon âge. Pas besoin de lui dire que j'avais 200 ans derrière moi. Je reprenais confiance, je reprenais mon aplomb.

J'en avais marre de l'écouter, mais je ne pouvais pas m'en empêcher. C'était différent. La plupart des autres personnes que j'adorais emmerder ne réagissaient pas ainsi. Ils se mettaient en colère, ou ils fuyaient. C'était marrant dans ce temps-là, je pouvais compter sur le fait qu'il y aurait de l'action. Et dans ces cas-là, je ne perdais jamais les pédales, ni le contrôle. Mais lui ... Lui il se contentait de parler, et même si ça me répugnait de l'admettre, ses paroles faisaient beaucoup plus mal que des coups en plein visage. Non, mais que dis-je! Fallait vraiment que j'arrête de l'écouter, il commençait à m'endoctriner, le s#laud. Si je me mettais à penser comme une chochotte ...

_ [...] N'en a tu pas marre de passer pour le petit salaud sans éducation et qu'il mériterait fortement de se faire donner une volée?

Cette fois, j'éclatais d'un rire sans joie, un rire froid. Je commençais à reprendre contenance, reléguant ma soif au second plan. Je trouverais bien un moyen, plus tard, pour l'étancher. Mais là, je devais réagir. Dire quelque chose. Il était hors de question de me battre, là. Ça finirait en bain de sang, je ne me contrôlerais plus du tout. Prenant une inspiration, je me composai un air maîtrisé, quoique légèrement teinté de colère.

« C'est moi que tu dis qui ne comprend pas? Moi je dis plutôt que c'est toi! Oui, toi! T'as pas compris? Combien de fois est-ce que je devrais le répéter? JE NE SAIS PAS COMMENT! C'est comme ça, j'ai toujours agi ainsi! Ce n'est pas toi qui va me changer avec tes discours. Je te l'ai dis. J'ai vécu comme ça depuis longtemps, je ne m'en porte pas trop mal. Et ceux qui se plaignent ... qu'ils viennent se plaindre, je m'en fiche. Être ici ou à l'extérieur, il n'y a pas de différence pour moi. Et tu te trompes. Je ne suis pas ici parce que je n'avais pas le choix. Je suis ici parce que le monde humain m'ennuie. Voilà tout. Crois moi pas, si tu veux, je m'en fiche de toute manière. »

Je commençai à reprendre pied. Et comme d'habitude, à régresser au lieu d'évoluer. Comme quoi on ne change pas les gens d'un claquement de doigt.